Guillaume Delaage

LES MAGES GNOSTIQUES

discipel

12/06/2014

Cette rubrique se propose de présenter, de manière succincte, un panorama des principales figures de la Tradition des premiers temps du christianisme, de mages qui ont marqué l’histoire de cette époque , afin de mieux comprendre que la Sainte Théurgie n’est pas une pratique phénoménale, mais une technique basée sur des Lois qui inscrivent le mage dans un Plan divin auquel on ne peut parvenir que par l’évolution de la conscience.

La vie exemplaire des êtres dont il est question ici, tend à démontrer que leur seul but fut d’offrir à leurs contemporains cet accès à la Sagesse millénaire qui donne à l’homme sa véritable dimension spirituelle. Il ne sera pas traité ici d’un très Grand Mage, le plus Grand d’entre tous, Apollonius de Tyane. Héritier de la tradition hermétique pythagoricienne, son travail se situe bien au-delà du gnosticisme et son œuvre immense nécessiterait une présentation plus fouillée qui dépasserait la modeste approche exposée dans ces colonnes.

Dosithée

Dosithée, magicien de Samarie, contemporain de Simon le Magicien. Il jeûnait et recommandait la virginité. Chassé par les Juifs, il devint troglodyte et se laissa mourir de faim. Au IVe siècle des disciples revendiquaient leur attachement à ce mage. Les historiens se sont longtemps demandé qui était Dosithée et si réellement ce personnage avait existé. Il se trouve que lorsque les documents gnostiques de Nag Hammadi furent découverts (voir mon livre Thot-Hermes – Origines secrètes de l’humanité) ils révélèrent les Trois Stèles de Seth qui constituent le cinquième et dernier traité du codex VII de cette bibliothèque copte.

documents_de_nag_hammadi-4Un incipit ouvre le traité (118,10-9) et fait état d’un titre long : La Révélation par Dosithée des trois stèles de Seth. Dosithée y expose comment il a découvert les Trois Stèles de Seth et en a pris connaissance. Il garantit le lecteur de l’authenticité de la transmission et identifie Seth comme l’auteur du traité. Cet exposé permet à Dosithée d’attester les Trois Stèles de Seth comme dépositaires de la pensée séthienne.

Le professeur Claude, spécialiste des documents, présente l’hypothèse que ce Dosithée pourrait être considéré comme le fondateur légendaire de la gnose, maître de Simon le Mage. Quoiqu’il en soit, tous les écrits de Seth étaient destinés transmis aux élus (118,17). On retrouve ici l’importance de la transmission des Enseignements des Serpents ou Nagas qui font partie intégrante de la Doctrine Hermétique.

La découverte de la bibliothèque fut localisée au Nord
Ouest de Louxor, entre Dendérah et Panopolis. Le corpus
y avait été soigneusement placé dans une tombe du
cimetière pacômien au pied de la falaise du Djebel el Tarif.

Simon le Magicien (1er siècle)

Très grand gnostique et thaumaturge samaritain. Simon fut un disciple des Tanaim de Samarie. Ces derniers étaient des cabalistes de la même École que l’apôtre Jean.

Souvent considéré comme imaginaire, ce nom comme celui de Thot-Hermès a probablement désigné par la suite une corporation de mages au cours des siècles en constituant un groupe de simonistes . Les simoniens comme les pythagoriciens, dont un des plus grands représentants fut Apollonius de Tyane, méprisaient les richesses et les plaisirs de ce monde.

Simon était un mage important mais la légende et les besoins impérieux de donner un poids à la christianisation naissante en on fait un personnage vénal cherchant à acheter des pouvoirs spirituels à Pierre l’apôtre. C’est là une marque supplémentaire du christianisme des premiers siècles qui cherchait à amoindrir la puissance du paganisme, principal obstacle à son épanouissement. De là est venu le terme de simonie.

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Détail de la fresque de Filippino Lippi Simon le Mage et Saint Pierre

Mais Simon était bien plus qu’un simple magicien. Il connaissait la tradition hermétique suivant ainsi une filiation millénaire. Lorsqu’il disait être Dieu le Père    il ne faisait que suivre les traces du Christ, faisant ainsi référence à la Divinité qui est en chacun de nous. Simon était un cabaliste de haut niveau un Adepte qui voyant que l’Eglise commençait à travestir les Enseignements sacrés cherchait, quant à lui, à instaurer une autre « religion » celle de la Doctrine Hermétique dans une version accessible à tous. Aujourd’hui on sait que Simon le Magicien fut aussi connu sous le nom de Sa ül ou Paul.

Carpocrate

On connaît Carpocrate par Clément d’Alexandrie et en fait peu de choses nous sont parvenues sur ce mage qui semble avoir suivi de très près la doctrine Pythagoricienne. Pour lui, le monde fut crée par des anges inférieurs et le but de l’homme est de parvenir à remonter de vies en vies le chemin de l’évolution, en se perfectionnant à chaque fois. On croit savoir qu’il eut pour fils Épiphane qui suivit l’enseignement de son père et qui mourut jeune a 17 ans.

Cérinthe

Irénée fut le premier à parler de lui. Originaire d’Antioche comme Satornil où il résida pendant quelque temps à l’époque de Domitien, il fut le disciple direct de Simon le Mage et mage lui-même. Il pensait que le Christ s’était incarné dans le corps de l’Initié Jésus au moment du Baptême c’est-à-dire à un certain niveau d’Initiation. Pour lui le Dieu des Juifs n’est qu’un ange inférieur duquel procéda la création de l’homme, conception parfaitement conforme à la Tradition. Il enseignait, comme les principaux mages de son temps, la Doctrine hermétique et la Théurgie.

Aujourd’hui Cérinthe et d’autres Initiés comme lui, sont considérés comme de faux docteurs de la Loi, hérétiques, dont le discours n’est que divagation sectaire. Or, il faut savoir que ces hermétistes se sont battus contre le christianisme dogmatique qui imposait ses idées préconçues. Ils essayèrent de démontrer que la divinité du Christ était conforme à la Sagesse antique et non pas limitée aux conceptions chrétiennes naissantes.

Ménandre de Samarie (1er siècle)

Ne pas confondre avec Ménandre le poète qui vécut au IVe siècle.

Pour lui tout comme pour son maître Simon le Mage, le monde fut crée par des anges, comme le mentionne du reste la Doctrine secrète. Il s’établit à Antioche, ville dans laquelle il attira de nombreux disciples. Un des plus célèbre fut Satornil qu’il faut distinguer du poète grec du même nom. Ménandre était aussi un grand Magicien. De nombreux auteurs le désignent ainsi. Irénée dit de lui :

Le successeur de Simon fut Ménandre, un Samaritain de naissance, qui atteignit les plus hauts sommets de la Science de la Magie.

Nous pouvons constater que, fidèle à son Maître, il acquis de nombreux pouvoirs qui ne se justifiaient que par une pratique assidue des Lois propres à la Théurgie. Souvent décriés par les chrétiens de l’époque, ces pouvoirs étaient en fait identiques à ceux qui sont décris par le Nouveau Testament dans la vie du Christ. On a caché sous cette « exception divine » ce qui fut connu depuis toujours par ceux qui pratiquent la Théurgie, comme l’expression des Lois universelles.

En diabolisant ainsi les mages païens (sous prétexte qu’ils ne suivaient pas le canon de l’Église et donc que seuls « les miracles » venaient de ceux qui étaient dans le courant de chrétien) on les rangea peu à peu au rang persona non grata. Pourtant le Christ Lui-même démontrait ces Lois et Principes universels au même titre que les Mages authentiques, comme Simon le Magicien et ses suiveurs.

Les disciples de Ménandre recevaient le Baptême (ou Initiation) qui permettait de « ressusciter ». Là encore les choses furent mal comprises car ce mage voulait démontrer ainsi que la « résurrection » représentait le passage des ténèbres dans lesquelles nous nous trouvons, à la compréhension et l’application des Lois universelles de la Magie pour parvenir à l’Éveil de la conscience.

Satornil ou Saturnin

Disciple de Ménandre. Il a enseigné à Antioche où il fut actif de 100 à 130. C’est dans cette ville qu’il rencontra l’apôtre Jean. IL pensait que le monde avait été crée par 7 anges supérieurs les Archontes, qui avaient formé la race humaine imparfaite. Ce en quoi il se rapproche lui aussi de la Tradition en ce qui concerne la Création de l’homme.

Basilide (dit le gnostique – IIe siècle)

Basilide était un élève de Satornil il transmis la doctrine de ce dernier à Antioche et à Alexandrie au début du IIe siècle, mais il se disait aussi disciple de l’apôtre Matthieu tout autant que de Glaucias disciple de Pierre. Irénée dit qu’il enseigna à ses élèves l’usage des images, d’invocations et d’évocations et de tout autre sorte de magie. Il prêchait la réincarnation des âmes et le fait que les hommes sont responsables de leurs actions présentes ou passées (vies antérieures).

Égyptien de naissance il enseigna de 125 à 155 à Alexandrie et fut en cela un des premiers maîtres gnostiques. Il fut l’auteur de 24 livres d’exégèse de l’Écriture sorte de synthèse des enseignements recueillis par les disciples de Simon le Magicien. Mais ses idées furent principalement connues par son disciple et fils Isidore et par l’école qu’il forma. Les Pères de l’Église le considéraient comme un hérétique malfaisant. C’est Eusèbe qui nous dit que ses 24 volumes sur l’interprétation des Evangiles furent brûlés. L’humanité fut ainsi privée d’une connaissance extraordinaire sur le véritable Enseignement du Christ. Basilide place au dernier rang le Dieu des Juifs, qu’il refuse d’admettre comme Dieu Unique. Il affirme que ce dieu n’est qu’un des anges créateurs, ce qui correspond tout à fait à l’Enseignement de la Doctrine secrète.

A suivre …

MAGIE ET POUVOIR DU MOT

 18/06/2016

Dès que l’homme fut doué de parole il commença à nommer les choses tout en s’apercevant que les mots et les noms revêtaient une importance toute particulière. Du reste, aujourd’hui encore, de nombreuses sociétés font intervenir des consultants afin de les aider à utiliser le « bon nom » pour leur enseigne. Les numérologues connaissent très bien cette technique qui consiste à analyser un nom afin d’en traduire l’influence sur une personne ou une chose. Mais au-delà des mots, le son et le verbe ont une influence réelle et bien plus importante encore. C’est ce que nous allons essayer d’entrevoir.

Faits historiques

Magie et pouvoir du mot
Montmartre de nuit

En prenant l’habitude de vivre dans un monde qui s’éloigne de plus en plus de l’humain et de la nature, notre société a perdu une partie de son âme, de ce qui la reliait aux courants universels sur lesquels les Anciens basaient leur structure sociale.

Ainsi, les noms de lieux désignaient toujours leur emplacement par rapport à la situation géographique ou à une quelconque influence stellaire : la ville de Lugdanum sous l’influence du dieu Lug est devenue Lyon ; le Mons Mercore le Mont de Mercure est devenu Montmartre ; Dunkerque (Nord), du moyen néerlandais dune, colline, et kerke, église etc… (Cf. Thot-Hermès – Les origines secrètes de l’humanité de G. Delaage – Ed . Moryason).

Le fait de donner un nom permettait bien sûr de désigner, mais surtout de relier la personne, le lieu ou l’objet à une histoire, à une signification. Ainsi le nom devenait l’empreinte, le sceau qui imprimait un courant de force une vibration particulière à ce qui était désigné. Cela bien entendu se fait encore de nos jours mais avec beaucoup moins d’intention donné aux choses, hormis le prénom que l’on va offrir à l’enfant « parce qu’il sonne bien » ou qu’il est « agréable » ou « tendance »…Dans l’Antiquité le nom représentait une force réelle que l’on prononçait parfois avec respect surtout s’il s’agissait des choses saintes ou sacrées.

Les premiers Pères de l’église influencés par les traditions du moyen Orient, savaient très bien que les noms n’étaient pas donnés par simple convention, mais qu’ils renferment une puissance et ont un lien secret avec les choses. Origène (185 – 254) lui-même –élève du grand Ammonios Saccas- disait que les noms doivent être prononcés dans leur langue originale car c’est de la vibration et du son qu’émane l’influence et que lorsqu’on les traduisait ils devenaient inopérants.

 

La vertu du signe

Il disait encore que les noms ne sont pas donnés au hasard mais qu’ils ont une relation mystérieuse avec les choses elles-mêmes et qu’ils doivent être utilisés avec prudence. Pline nous rapporte que dans la Rome antique on scellait par un cachet le nom de la divinité protectrice Angerona dans sa bouche. Johannes Reuchlin (1455 – 1522) dans son ouvrage De arte cabalistica mentionne les Platoniciens qui, en utilisant le nom par la voix lui donnait vie comme un être né de la pensée.

Magie et pouvoir du mot
Origène

L’auteur, du XIXe siècle P. Christian, qui écrivit Histoire de la Magie et L’homme Rouge des Tuileries, dit que les mots que prononcent les individus, aussi bien que les noms qu’ils portent influencent leurs évènements futurs :

Lorsque notre âme (mental) crée ou évoque une pensée, le signe représentatif de cette pensée se grave sur le fluide astral, qui le reçoit, et qui est, pour ainsi dire, le miroir de toutes les manifestations de l’Être. « Le signe exprime la chose; la chose est la vertu du signe. Prononcer un mot, c’est évoquer une pensée et la rendre présente; le pouvoir magnétique de la parole humaine est le commencement de toute manifestation dans le Monde Occulte. Prononcer un Nom, c’est non seulement définir un Etre (une Entité), mais le placer sous l’influence de ce nom, le condamner, par la force de l’émission du mot, à subir l’action d’un ou de plusieurs pouvoirs Occultes.

Les choses sont, pour chacun de nous, ce qu’il les fait en les nommant. Le Mot ou la parole de chaque homme est, sans qu’il en ait conscience, une bénédiction ou une malédiction ; c’est pourquoi notre ignorance actuelle sur les propriétés et les attributs de l’idée, aussi bien que sur les attributs et les propriétés de la matière, nous est souvent fatale. Oui, les noms et les mots sont bénéfiques ou maléfiques ; ils sont, dans un certain sens, nocifs ou salutaires, selon les influences cachées que la Sagesse Divine a liées à leurs éléments, c’est-à-dire aux lettres qui les composent, et aux nombres qui correspondent à ces lettres. (Cf. P. Christian – Histoire de la Magie Ed. Trédaniel)

Magie et pouvoir du mot

On ne peut qu’aller dans le sens de cet auteur lorsqu’on songe au pouvoir des lettres hébraïques dans certains rituels magiques ou bien encore du sanscrit dans certains textes sacrés. Chaque lettre possède une signification occulte et chacune est la cause et l’effet d’une cause précédente et leur interaction produit des effets magiques.

Les voyelles, surtout, contiennent les pouvoirs les plus occultes et les plus redoutables. Mais il est vrai aussi que le mot, la parole donc le verbe, la voix dans la vie ordinaire, possède une influence incontestable lorsqu’elle est prononcée avec une intention ferme emplie de volonté inflexible. Chacun peut le tester dans toute pratique d’autosuggestion pour ne prendre que l’exemple le plus banal.

Cette puissance du verbe et de la parole est aussi connue des peuplades indigènes dans certaines régions du monde qui, initiées à certaines techniques gutturales en modulant des sons stridents, parviennent à fasciner des fauves prêts à bondir et à les dévorer.

Un proverbe arabe dit : La parole est une pierre, une fois lancée rien ne l’arrête ! Certaines psalmodies ou chants entonnés dans des groupes religieux d’Asie ou encore chez les soufis d’Afghanistan permettent par la mélopée continue de pénétrer dans une transe mystique qui conduit le pratiquant à des extases profondes et à d’authentiques révélations.

Les Anciens égyptiens, dans les temples de la Vallée du Nil connaissaient parfaitement ces pratiques qu’ils utilisaient grâce à leur connaissance de l’authentique Doctrine hermétique. Pharaon était le maître de la Parole et son nom revêtait la toute puissance lorsqu’il était prononcé.

Magie et pouvoir du mot
Assemblée de soufis

Bien avant eux, les Babyloniens voyaient dans le nom une part de la personnalité du dieu invoqué. Connaître et prononcer son nom avec la formule exacte, c’était forcer le dieu à agir dans le sens désiré.

A l’instar de Jean l’Évangéliste les Textes égyptiens affirmaient qu’au Commencement était le Verbe. Les véritables Noms des Dieux étaient cachés et seuls certains initiés avaient accès à leur connaissance.

Sous l’Ancien Empire au IIIe millénaire le clergé du Dieu Pthah conçut un système cosmogonique qui déclarait que l’Univers fut crée par le Verbe divin. Le Grand Thot-Hermès dans le Corpus Hermeticum va encore plus loin lorsqu’il parle des Grecs :

Car les Grecs ô roi, n’ont que des discours vides, bons à produire des démonstrations : et c’est là en effet toute la philosophie des Grecs, un bruit de mots. Quant à nous nous n’usons pas de simples mots, mais des sons tous remplis d’efficace.

C’est ce Dieu, un des plus grands du panthéon égyptien, qui transmit tout ce qui fut à l’origine du son (Verbe) et à son utilisation magique avec sa projection dans la matière : l’écriture. (Cf. Thot-Hermès –Origines secrètes de l’humanité de G. Delaage Editions Moryason)

Magie et pouvoir du mot
Le Dieu Thot

Le Golem

Ce pouvoir du son, au-delà des aspects théoriques, présente bien sûr une application hautement pratique. Au Xe siècle un rabbin aurait crée, grâce à des formules kabbalistiques et par conséquent à l’utilisation du son, une femme d’argile qui était sa servante. Cela nous conduit inévitablement à un aspect très particulier de la Magie appelé Élémentaires dont le plus célèbre exemple historique fut celui du Rabbin Jehouda Loew Ben Bezalel dit le Maharal (1526 – 1609) de Prague, dont la famille était originaire de Worms où vivait le grand Rabbin Eleazar théurge et kabbaliste de renom.

Loew, ami de Tycho-Brahé le célèbre astronome, a marqué l’histoire en créant un Golem (être d’argile vivant) ce qui fut attesté par plusieurs témoins de son temps. D’après la tradition kabbalistique, un Golem doit être crée selon des modalités précises pétrit dans de l’argile rouge conformément aux indications du Créateur qui agit de même en donnant vie à Adam (voir La Genèse).

Magie et pouvoir du mot
statue du rabbi Loew à Prague

La confection de cette « statue » doit avoir l’apparence d’un enfant de dix ans. Le kabbaliste, après avoir procédé à l’opération magique, écrit sur le front de sa créature EMETH qui signifie « vie ». Par la puissance du mot le Golem prend vie et devient complètement soumis aux volontés de son créateur. Le fait est que, lorsque ce Golem est crée, son maître doit obligatoirement avoir décrété, selon un procédé magique, l’heure et le jour de la mort de son serviteur.

Il s’agit alors (entre autres pratiques) d’effacer la première lettre E du mot EMEATH qui se transforme alors en MEATH signifiant « mort ». Le Golem est alors instantanément privé de vie et devient une simple statue.

Le Rabbi Loew se servait donc de sa créature pour remplir des tâches domestiques et l’aidait à diverses fonctions pratiques dans le cadre de la synagogue durant la semaine. La samedi il l’enfermait. Après plusieurs années passées, un jour, alors que Loew officiait dans la synagogue en présence de centaines de fidèles, on entendit une des portes séparant la synagogue des appartements du rabbin être secouée d’une manière violente.

Tout à coup le Golem surgit devant les yeux horrifiés de l’assistance, brisant tout sur son passage. Loew se précipita alors sur lui effaçant de son front le E du mot Emeath pour en faire Meath (mort). La créature s’effondra alors terrassée. Ses restes seraient encore enfouis dans la synagogue mais cela fait probablement partie de la légende.

Le pouvoir de Dieu

Cette puissance du nom donné à une créature artificielle pour la rendre vivante est connue de toute antiquité et même encore les mages utilisent de pareilles Élémentaires pour les aider dans le cadre de travaux domestiques ou autres services. Dans l’Antiquité certains mages utilisaient les mêmes procédés en faisant parler des statues, des objets ou encore des piliers.

Il est bien évident que, dans le cadre des Lois propres à la Théurgie de pareilles pratiques ne sont envisagées que si le praticien est imprégné d’intentions pures dans le sens de la maîtrise de lui-même et de l’observance des Principes et Lois universelles. Dans le cas contraire des intentions malsaines et égoïstes n’auraient pour but que de déclencher la punition inexorable du Karma.

Magie et pouvoir du motDans son magnifique ouvrage La clé de la Kabbale (Editions Moryason), le Grand Adepte Franz Bardon présente la technique permettant d’utiliser la puissance des voyelles pour parvenir à ce que d’aucun qualifierait de « miracles».

En effet les exercices pratiques qu’Il propose (après avoir étudié et expérimenté tous les exercices durant de longues années, dans ces deux précédents ouvrages) permettent à l’étudiant d’avoir une maîtrise totale sur tout ce qui l’entoure dans la perspective d’une plus grande évolution spirituelle. Les mots qu’emploie Franz Bardon se passent de commentaires :

…un véritable kabbaliste doit être uni a Dieu, être un individu qui a réalisé Dieu en lui-même et qui, en tant que Dieu incarné, use du Langage Universel ; ainsi crée-t-il dès lors qu’il parle et au moment même où il le fait, et quelque soit la Sphère où il veut créer, cette création se fera. (…) C’est pourquoi un Kabbaliste authentique ne violera pas les Lois de l’Harmonie, car il représente –dès qu’il parle- la Divinité. Si donc il agissait à l’encontre de ces Lois, il ne serait pas un Kabbaliste mais un générateur de chaos. Ainsi, selon l’hermétisme, un Kabbaliste ou un Théurge est, dans sa vie physique, une représentant sur Terre du Dieu Infini et tout ce qu’il dit, dans le Langage Originel, en tant que Dieu Manifesté, se réalise car il a le même pouvoir que le Créateur, que Dieu. (Cf. La clé de la kabbale p.22)

C’est en ce sens que tout individu sur le Chemin de la recherche du Soi, doit bien garder en mémoire qu’il est uni au Tout et particulièrement à la structure psychique mentale et spirituelle du Logos solaire au sein duquel il existe. Il doit, dans ce contexte, trouver la note de sa personnalité et la note sur laquelle vibre l’Être intérieur. Cette note, ce mot, fera de lui un créateur intelligent et conscient au coeur même de la Création.